17h - Amphithéâtre Montgolfier - Hôtel de Ville
Le fait religieux est une dominante de notre époque comme l'avait prophétisé André Malraux. Il a besoin d'être pris en compte aussi bien par les pays chrétiens que ceux où domine l'Islam, qui n 'ont pas fait leur aggiornamento.
En France, la laïcité s'est construite au moment du déclin de la société rurale et de l'avènement de l'ère coloniale. Elle est une conquête de l'esprit humain : elle ne rejette pas le fait religieux, mais aborde l'étude des religions avec une ouverture intellectuelle. L'une des erreurs commises a été de croire qu'on pouvait en ignorer l'histoire alors que son enseignement est plus nécessaire que jamais. L'Islam a été victime d'un phénomène comparable : un travail remarquable avait été accompli entre les VIIIème et XIIIème siècles par la pensée islamique. Tout a été abandonné ensuite, ce qui explique que les Musulmans se débattent aujourd'hui dans l'obscurité pour ne pas avoir adopté la modernité. La France et l'Occident doivent aussi s'adapter à la mondialisation. D'où la nécessité de mettre au point un travail précis : l'étude du fait religieux, de toutes les religions, avec l'œil de la laïcité, qui n'est pas réducteur, mais permet aux croyants d'avoir un regard apaisé sur la modernité.
Mohammed Arkoun est professeur émérite d'histoire de la pensée islamique à la Sorbonne, avec des enseignements donnés en Europe, notamment à Londres, Berlin, Amsterdam, Rome et aux Etats-Unis. Il a publié l'humanisme arabe au Xème siècle, l'impensé de la pensée islamique contemporaine, de Manhattan à Bagdad : au-delà du bien et du mal, l'Islam : une approche critique. Il est membre de la Commission Nationale pour la laïcité.