Académie

des Sciences Morales
des Lettres et des Arts de

Versailles

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novembre
2016
mardi
08

« La grande illusion » Quand la France perdait la paix 1914-1920

Georges-Henri SOUTOU

18h30 - au siège de l’Académie 5 A rue Richaud à Versailles


La Grande illusion : que la guerre serait courte, décisive, et permettrait de mettre un terme à la position dominante que l’Allemagne occupait en Europe depuis Bismarck. Que la France pourrait non seulement récupérer les territoires perdus depuis 1789, mais aussi établir en Europe occidentale et centrale une sphère d’influence de premier rang, à la fois politique, militaire et économique, avec en particulier la mainmise sur les régions rhénanes et même éventuellement la remise en cause de l'unité allemande. Et pour finir que les traités de paix, même s’ils n’étaient pas parfaits du point de vue français, permettraient néanmoins de réaliser progressivement les principaux objectifs poursuivis et en tout cas garantiraient la sécurité du pays à long terme.

Ces illusions furent largement partagées. Elles étaient portées par une obsession de la sécurité face à l'Allemagne, et par l'affirmation du modèle républicain face au "militarisme prussien".  Et ceux qui tentèrent d'explorer la possibilité de mettre un terme au conflit par la négociation furent écartés.

Paris a joué son rôle dans la marche à la guerre, Paris a défini des objectifs qui ont largement contribué à déterminer le déroulement du conflit et ensuite la paix. Il faut comprendre le rôle de la France dans cette tragédie dans toutes ses dimensions. Finalement les dirigeants français n'ont pas obtenu tout ce qu'ils souhaitaient, tout en contribuant à compromettre, par leurs exigences et par une vision biaisée des réalités européennes, la restauration du système international après la guerre. C'est ainsi que la France a perdu la paix.

Georges-Henri Soutou est membre de l'Académie des Sciences morales et politiques et Professeur émérite à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris-IV).

Il a pris en 2012 la succession du Professeur  Hervé Coutau-Bégarie comme président de l’Institut de Stratégie Comparée. Il est conseiller scientifique et pédagogique du Directeur de l’Ecole de Guerre.

Il siège au conseil d’orientation de l’IFRI, au conseil d’administration de la Revue de Défense Nationale, et au conseil de rédaction de diverses revues, dont Relations Internationales et la Revue Historique des Armées ; il est codirecteur de la Revue d’Histoire Diplomatique.

. Il a publié notamment « L'Or et le Sang. Les buts de guerre économiques de la Première guerre mondiale », Fayard, 1989; « L'Alliance incertaine. Les rapports politico-stratégiques franco-allemands, 1954-1996 », Fayard, 1996; «  La Guerre de Cinquante Ans. Les relations Est-Ouest 1943-1990 », Paris, Fayard, 2001 (réédité chez Pluriel en 2011 sous le titre « La Guerre froide »); «  L’Europe de 1815 à nos jours », PUF, 2007. Il a publié en 2011 les souvenirs de son père: Jean-Marie Soutou, « Un diplomate engagé. Mémoires 1939-1979 », Editions de Fallois. Et en 2015 «  La Grande illusion. Quand la France perdait la paix », 1914-1920, Tallandier.