L'époque contemporaine voit grandir l'affrontement entre la « graphosphère », c'est-à-dire au sens large ce qui s'écrit (livres, partitions, etc.), et la sphère du multimédia, qui martèle l'urgence d'un présent supposé supplanter les représentations traditionnelles. Mais ces mondes informatiques qualifiés de virtuels, où nous cherchons immédiateté et intensité, ne sont pas sans représentation : en effet la représentation est une condition de possibilité fondamentale du multimédia interactif, les ordinateurs ne pouvant s'inscrire pleinement dans le fil d'activités humaines interprétatives que s'ils partagent avec leurs partenaires humains des lieux de médiation.
Comment l'artisanat de la composition musicale, fondé sur l'écriture, peut-il appréhender les représentations multimédia de la musique, passant par le calcul algorithmique, la relation immédiate au geste et les réseaux de connaissances envisagées sous la forme de modèles abstraits ? Le compositeur et chercheur Alain Bonardi, membre associé de l'Académie de Versailles, présentera un parcours de quelques-unes de ses créations musicales faisant appel à l'ordinateur, depuis l'opéra numérique Aima Sola jusqu'à son projet actuel autour de la musique de piano de Franz Liszt, à l'occasion du bicentenaire de ce compositeur en 2011.